«Venise est enchanteresse.
La Piazzeta s’offre au baiser de l’aube, étalée sur le quai trempé d’ombre et le Palais Ducal frémit de joie, au lever du soleil. La première clarté est une eau transparente, qui enveloppe la merveille : la tente de marbre oriental est alors de peau vivante. Même si on y a déjà vécu, les premières heures à Venise sont un temps d'amour.
Il est de chair blonde, le tabernacle posé là, pour pour la visite de l’aurore...
Au matin, tout est bleu de lin, et pétales de rose. Il n’est point de ville plus fleur que celle-ci. La lagune rose est couleur de truite devant les palais. les pieux, où l’on amarre les gondoles, sortent comme des doigts en bouquet, de la marine...
O folle ville sans terre. Les plus beaux palais y sont un reflet de la fantaisie, fleurs sur la prairie fluide ; à de certaines heures et sous certains ciels, ils penchent, ils se fanent....»