Yves Klein naît le 28 avril 1928 à Nice, de parents tous deux artistes. Son père, Fred Klein, est un peintre figuratif qui expose dès le début des années trente, et sa mère, Marie Raymond, peintre abstrait géométrique, est largement reconnue à partir de 1945. Cet environnement le familiarise très tôt avec le milieu artistique, mais Yves Klein s’oriente tout d’abord vers une autre carrière...

Anthropométrie de l’époque bleue (ANT 82)

L’Arbre
« Yves le Monochrome », météore apparu au milieu des années 1950, a construit en huit ans une véritable saga – « l'aventure monochrome », ses développements et ses multiples rebondissements. Son œuvre comporte des tableaux, des sculptures ou des objets, mais aussi des manifestations éphémères, des publications ou des déclarations, qui ont contribué à lui accorder une place de choix parmi les rares artistes, tels ses contemporains Andy Warhol ou Joseph Beuys, dont la vie et l'œuvre confondus accèdent aux dimensions du mythe.

Ci-gît l’espace (RP 3),1960
Eponge peinte,fleurs artificielles,feuilles d'or sur panneau
Ce déferlement d'activités fut documenté par l'artiste lui-même. Klein, innovant aussi en cela, a non seulement beaucoup écrit et fait photographier ses actions les plus marquantes, mais il a également commandité des films de plusieurs de ses expositions ou interventions artistiques.

Au cours d'un débat avec le public organisé dans la galerie Allendy, Klein comprit que le public reconstituait une « polychromie décorative » à partir des monochromes de diverses couleurs accrochés aux cimaises. Afin d'imposer sa conception de la « couleur seule », l'artiste radicalisa son propos. Il saisit l'occasion qui lui était offerte par son exposition programmée à la galerie Apollinaire de Milan, en 1957, où il présenta onze tableaux de formats identiques.
Monochrome bleu (IKB 3),1960
Pigment pur et résine synthétique sur toile marouflée sur bois
199 x 153 x 2,5 cm

Peinture de feu sans titre (F 74)
Tous peints avec le même bleu, de même texture, ils paraissaient interchangeables. Selon l'artiste, les amateurs attentifs surent néanmoins percevoir, au-delà des apparences, la singularité de chacune de ses « Propositions monochromes ». Ils auraient même accepté de payer des prix différents pour acquérir l'une ou l'autre de ces œuvres, que seule distinguait la qualité spécifique d'une « sensibilité picturale » invisible
YVES KLEIN, LE MANIFESTE DE L’HÔTEL CHELSEA 1961
Attendu que j’ai peint des monochromes pendant quinze ans,
Attendu que j’ai créé des états de peinture immatérielle,
Attendu que j’ai manipulé les forces du vide,
Attendu que j’ai sculpté le feu et l’eau et que, du feu et de l’eau, j’ai tiré des peintures,
Attendu que je me suis servi de pinceaux vivants pour peindre, en d’autres termes du corps nu de modèles vivants enduits de peinture, ces pinceaux vivants étant constamment placés sous mes ordres, du genre : "un petit peu à droite ; et maintenant vers la gauche ; de nouveau un peu à droite", etc. Pour ma part, j’avais résolu le problème du détachement en me maintenant à une distance définie et obligatoire de la surface à peindre,
Attendu que j’ai inventé l’architecture et l’urbanisme de l’air – bien sûr, cette nouvelle conception transcende le sens traditionnel des termes "architecture" et "urbanisme", mon but, à l’origine, étant de renouer avec la légende du paradis perdu. Ce projet a été appliqué à la surface habitable de la Terre par la climatisation des grandes étendues géographiques, à travers un contrôle absolu des situations thermiques et atmosphériques, dans ce qui les relie à notre condition d’êtres morphologiques et psychiques,
Attendu que j’ai proposé une nouvelle conception de la musique avec ma "symphonie monoton",
Attendu que parmi d’autres aventures sans nombre, j’ai recueilli le précipité d’un théâtre du vide...