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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 17:18

IMG 1559  IMG 1562

 

Difficile d’aborder ce thème, mais les traces blanches sur le sol indiquant la situation géographique du ghetto avec la mention (Litzmannsttadt, nom donné par Hitler lors de l’annexion de Lodz), la visite d’une gare désaffectée Stacja Radegast, où sont encore stationnés quelques wagons m’ont incitée à faire un article particulier.

Le ghetto a été créé par les nazis en avril 1940, pour être un lieu de rassemblement temporaire. Il a très rapidement été transformé en centre industriel pour fournir en particulier des uniformes aux nazis. Les conditions de vie y étaient terribles et plus de 20% de la population mourut. La dureté des conditions de travail, le surpeuplement et la dénutrition étaient la règle.

En août 1942, on y comptait près de 100 usines. 

A partir d’aout 1944, les survivants furent déportés à Chelmno puis à Auschwitz. 68 000 : hommes, femmes, enfants.

Les photos sont très émouvantes, quelques boutons, quelques morceaux de tasses, des fourchettes... ayant appartenues à ceux qui partaient vers Chelmo ou vers Auschwitz. Et puis ces listes écrites d'abord à la main, puis dactylographiées pour aller plus vite, avec par famille entière, le nom, le prénom, la date de naissance, l'adresse et si nécessaire l'activité professionnelle.   

 

Je ne dirai rien d’autre, je ferai parler Henri Raczymow - Dix jours «polonais» - 2007

 

"Je n'ai de polonais que mon nom, qui est une imposture. Au départ un nom juif (yiddish) qui fut ensuite mystérieusement polonisé, je ne sais quand, ni par qui, ni pourquoi.

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J'allais en Pologne pour poser un bouquet :

Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Les mots de Hugo m'étaient  venus aussitôt. C'est exactement çà : aller là-bas pour poser ce bouquet. A ce détail près : il n'y a nulle tombe là-bas où se recueillir. Sinon la terre entière de la "Pologne". C'est bien vaste. Un cimetière à l'échelle d'un pays...

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Il y avait un livre, chez nous, rue de la Mare  (et des livres, il n'y en avait pas tant que ça !) sur le ghetto...

Sur la couverture, cet enfant juif les bras levés, derrière lequel se dresse un soldat allemand, souriant au photographe. C'est peut être à cause de l'enfant dont j'avais l'âge que l'effroi me saisit alors et pour longtemps. Un enfant juif et les Allemands. Ce ne sont pas d'abord les camps qui m'ont hanté, mais le ghetto.

Un enfant juif et les Allemands. Je comprends un peu mieux aujourd'hui pourquoi ces pages sont restées en moi. Comme si, quelques années avant ma naissance, un Allemand souriait derrière moi, me maintenant en joue juste avant de me tirer comme un lapin (et pour lui je suis moins qu'un lapin), le temps de poser une seconde en souriant devant l'appareil de l'autre soldat, son camarade, pour immortaliser ce tableau de chasse en Pologne.

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