Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure.
Les mains dans les mains restons face à face,
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante,
L’amour s’en va
Comme la vie est lente,
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure,
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines,
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure.
(Alcools 1913)