Autoportrait
IL perd son père à l'âge de six ans et sa mère se remarie un an plus tard avec le général Aupick. Il refuse cette union et sera toujours en opposition avec ce militaire aux valeurs et aspirations différentes des siennes. Suite à ses études secondaires à Lyon puis au lycée parisien Louis le Grand, il mène une vie marginale et de bohème dans le Quartier latin. C'est alors qu'en 1841, sous la pression de sa famille, il embarque pour les côtes d’Afrique et de l’Orient. Il séjourne à l’île Bourbon et, bien qu’il n’aille pas au terme de son voyage, il en retira un grand nombre d’impressions dont il s’inspirera dans ses œuvres. De retour à Paris en 1842, il écrit ses premiers textes, devient journaliste, critique d’art et littéraire en 1844, et découvre en 1847 l’écrivain américain Edgar Poe qu'il traduit. Cette même année il tombe sous le charme de Marie Daubrun. Celle-ci lui inspira plusieurs poèmes. Un peu plus tard, c’est Mme Sabatier qui occupera ses pensées. Enfin, en 1857, suite à la publication des Fleurs du Mal, il est attaqué en justice et condamné pour immoralité. Très affecté, Baudelaire sombre dans la misère et la maladie. Le poids des dettes s’ajoutant aux souffrances morales, il est frappé en 1866 d’un malaise qui le rendra paralysé et aphasique. Il meurt en 1867.
Longtemps peu connue du grand public, considérée du grand public , considérée comme scandaleuse
Hommage à Baudelaire
Fantin-Latour Ignace Henri Jean Théodore
Charles Baudelaire
Nadar (atelier de) (1871-1939)
LOUIS ARAGON.Il n’y a pas de poète qui soulève plus de passion que Baudelaire. On ne peut en parler, on n’en peut rien dire que cela offense quelqu’un. J’ai toujours eu pour lui des sentiments extrêmes. il y a eu des années ou je n’aurais pas souffert un mot de critique le touchant. Il y eu des mois ou je ne pouvais lire une ligne sans révolte, comme excédé d’une maîtresse : on y trouve mille vulgarités là ou l’on ne voyait, lz veille encore que perfection
André Breton
«Baudelaire, à le fin du premier poème du Spleen, semble n’avoir multiplié les points de suspension - J’aime « les nuages...les nuages qui passent là-bas...les merveilleux nuages - que pour passe réellement sous les yeux , des nuages pour qu’ils apparaissent
comme des points de suspension entre la terre et le ciel
Paul Valéry.La poésie de Baudelaire doit sa durée, et son empire q’elle exerce encore, à la plénitude et à la netteté singulière de son timbre.Cette voix, par instant, cède à l’éloquence, comme il arrivait trop souvent aux poètes de cette époque, mais elle garde et développe presque toujours une ligne mélodique admirablement pure et une sonorité parfaitement tenue qui la distinguent de toute prose
Yves Bonnefoy Le génie de Baudelaire aura été d’avoir eu, le premier, cette intuition du plein de la poésie mais aussi d’avoir su en explorer le possible, l’éprouvant non comme l’éclair qui peut traverser la rêverie d’un artiste mais d’emblée comme un travail à porter loin dans la nuit de l’être psychique...
Stéphane Mallarmé.Mon Baudelaire à peine ouvert, je suis attiré dans un paysage surprenant qui vit au regard avec l’intensité de ceux que crée le profond opium. Là-haut, et à l’horizon, un ciel livide d’ennui , avec les déchirures bleues qui faites la prière Proscrite
Autoportrait
Portrait de Charles Baudelaire
Manet Edouard (1832-1883)
Sa lucidité, son intelligence critique et son sens infaillible du beau – qui lui fera reconnaître Delacroix et Wagner et se reconnaître en eux – expliquent sa conscience déchirée entre les aspirations de sa sensibilité et le monde de son temps. Déchirement sur fond d’incompréhension familiale, de déboires sentimentaux, de crainte perpétuelle des créanciers et de délabrement de sa santé.
Héritier de la grande tradition classique et de l’esthétique formaliste, romantique en proie au « spleen » et au « mal du siècle » de toute une génération, il inaugure la modernité poétique : son pari sur l’absolu et la toute-puissance de la poésie, « magie suggestive contenant à la fois l’objet et le sujet, le monde extérieur à l’artiste et l’artiste lui-même », fait de Baudelaire un précurseur du symbolisme des années 1870, du surréalisme de 1920 et de toute la poésie du xxe siècle.
André Breton
Baudelaire, à le fin du premier poème du Spleen, semble n’avoir multiplié les points de suspension - J’aime « les nuages...les nuages qui passent là-bas...les merveilleux nuages - que pour passe réellement sous les yeux , des nuages pour qu’ils apparaissentcomme des points de suspension entre la terre et le ciel
Au lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons