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6 décembre 2014 6 06 /12 /décembre /2014 18:57
 Apollinaire - La Colombe poignardée -1918

Apollinaire - La Colombe poignardée -1918

Blaise Cendrars

Vers 1915

«Nous ne sommes que des poilus, des fantassins, de la chair à canon...

Mieux vaut la mort soudaine...

Et dire que des deux côtés des lignes, les peuples en souffrance triment et crèvent...

Et nous marchions. Et nous crevions.

.....des tas de morts, des blessés qui gueulaient, des tranchées allemandes que nous avions laissées derrière nous et qui se ramenaient, les Boches sortant par paquets de leurs abris pour se mettre à arroser le champ de bataille de balles de mitrailleuses qui partaient dans toutes les directions, des grandes qui éclataient, des explosions, le tout scandé par les gros obus allemands qui arrivaient comme des trains en gare, écrabouillant tout, lâchant des vilaines fumées noires, jaunes, chocolat, rousses, surmontées du panache des shrapnells, et les miaulements fous des 75 qui s'acharnaient à vouloir raser et nettoyer la crête que nous avions conquise...

Ah les damnés

 

C’est durant ce nettoyage que j’ai tué d’un coup de couteau un Allemand... Je lui sautai dessus et lui portai un coup terrible qui lui décolla presque la tête et qui le fit tomber à la renverse, semant son casque à pointe... Mais ce n’est pas pour parler de mes exploits que j’écris ce chapitre. Mon tour viendra plus tard...»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​​

Guillaume Apollinaire

 

 

Les obus miaulaient en s’amenant en foule...

Dis-moi, t’en souviens-tu, soldat, de ce soir-là?

Le beau ciel champenois est sur son tralala...

Les obus, ma parole,

Jouaient à pigeon vole...

Ils tombent à trois pas de nous, mon vieux Dupont...

Mélancoliquement, on chante ici : «Le pont»,

Le Pont de Minaucourt, cette chanson dolente

Que sur l’air des Ponts des Ponts de Paris, le Poilu chante...

Adieu donc, mon cher ami

Ne vivez pas à demi

Car la vie aujourd’hui, mon cher est précieuse...

 

Les obus miaulaient, ô nuit mystérieuse ! 

 

1915

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