«Ce que j’essaie, c’est un renouvellement continu, et ce n’est pas facile. Ma peinture, je sais ce qu’elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force ; c’est une chose fragile dans le sens du bon, du sublime. C’est fragile comme l’amour.» Nicolas de Staël - décembre 1954
Nicolas de Staël (1914-1955), est le fils du général Vladimir de Staël, gouverneur de la forteresse Pierre-et-Paul de Saint Petersbourg et de Lubov Bérednikov, passionnée de musique et de peinture.
En 1919, ils quittent la Russie et s’installent en Pologne. Son père meurt. En 1922 avec sa mère ils s'installent près de Dantzig, où sa mère meurt. Il est accueilli avec ses frères et soeurs par la famille Fricero, chez qui d’autres enfants émigrés sont réfugiés...
En 1936, il expose certaines de ses peintures et termine ses études aux Beaux Arts...
«Il invente sans cesse, et avance dans la colère, le déséquilibre, la fragilité...avec obstination» -Gilbert Lascault
Pour lui,
«L’espace pictural est un mur mais tous les oiseaux du monde y volent librement»
«On ne peint jamais ce qu’on voit ou croit voir, on peint à mille vibrations le coup reçu, à recevoir, semblable, différent, un geste, un poids. Tout cela à combustion lente»
Il utilise le couteau ce qui lui permet de construire l’espace à partir de larges pans de couleurs. C’est la spécificité de son oeuvre.
Mes peintures préférées :
Les footballeurs - 1952
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Il écrit à René Char.
«J’ai mis en chantier toute l’équipe de France et cela commence à se mouvoir un tant soit peu, si je trouvais un local grand ...je mettrais deux cents petits tableaux
Entre ciel et terre sur l’herbe rouge ou bleue une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute le présence que cela requiert en toute invraisemblance»
Ciel de Dieppe ou Les toits - 1952
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D’abord le ciel immense blanc, gris, gris bleuté qui occupe les deux tiers du tableau.
La matière est lisse.
Au centre une ligne sépare le ciel de la terre.
Les toits représentés par des tesselles de mosaïque elles aussi grises, gris bleuté, noires, noires cernées de rouge.
Et immanquablement, le regard est attiré par cette tesselle noire cernée de rouge.
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La matière est épaisse et très travaillée
Nu couché au lit bleu - 1955
Sa peinture si épaisse est devenue plus fluide, plus liquide, plus émotive.
Il est amoureux de Jeanne.
Le corps de Jeanne est une ligne bleue et fuselée sur un fond rouge passion.
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Coin d'atelier fond bleu - 1955
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On connaît de Nicolas de Staël, au moins cinq variations sur le thème de l’atelier : Atelier vert, Coin d’atelier à Antibes, Atelier à Antibes, Atelier fond orangé et mon préféré Coin d’atelier fond bleu.
La peinture liquide est posée en fines couches, passée à l’aide de tampon de gaze ou de ouate.
La juxtaposition des tableaux au pied du chevalet font jouer les blancs et les gris clairs.
Le pincelier et la bouteille noirs renforcent l’éclat du blanc. Et le bleu domine.
La Cathédrale -1955
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C'est l’une de ses dernières oeuvres.
La silhouette de la Cathédrale se détache sur l'obscurité d'un fond bleu-nuit.
Le ciel sombre semble avoir été peint d'un seul geste, alors que la masse claire est composée de rectangles et de carrés exécutés en camaïeu de gris et de blancs, séparés par quelques touches de rouge, d'or ou de bleu qui semblent illuminer le bâtiment de l'intérieur. Le plus grand des rectangles reprend en réduction la masse de l'édifice.
Il se donne la mort le 16 mars 1955, en se jetant par la fenêtre de son atelier forteresse.
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