L'univers des surréalistes

C’est à Apollinaire qu’André Breton empreinte le mot Surréalisme. Il avait employé l’expression «surréaliste» pour son texte «Les Mamelles de Tirésias» pour définir la métaphysique de Chirico.

Extrait du Manifeste du surréalisme d’octobre 1924

«Automatisme pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soi par écrit, soi de toute autre façon, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique et morale»

Par ses ambitions, le surréalisme est le mouvement de pensée le plus important de l’entre-deux guerres.

Il se donne pour but de produire des oeuvres artistiques originales, mais aussi de construire une nouvelle vision du monde.

L’expérimentation surréaliste fait appel à des techniques de création (écriture automatique, sommeil hypnotique, «cadavres exquis, écriture collective...»

L'univers des surréalistes est à la foi illogique, irrationnel, onirique, ludique, absurde.

C’est la libre expression. La composition de la forme et du contenu n'obéit à aucune règle, ni éthique, ni artistique.  

Vont adhérer avec enthousiasme  les poètes (Paul Eluard, Louis Aragon, Philippe Soupault), les peintres (Hans  Arp, André Masson, Miró, Max Ernst,Picasso,Giorgo de Chirico, Paul Klee) et les rejoindront René Magritte, Alberto Giacometti, Salvador Dali, Marcel Duchamp...le sculpteur Alexandre Calder...)

Au rendez-vous des amis 1922

René Crevel, Soupault, Arp, Morise, Sanzio, Eluard, Aragon, Breton, De Chirico, Gala Eluard. Ernst, Dostoïevski, Fraenkel, Paulhan, Péret, Baargeld, Desnos.

Indestructible objet - 1923	Dora Maar  photo  Man Ray - 1936
Marcel Duchamp Boite alerte - 1959	Cage objet Andre Breton - vers 1934
Joan Miró L'objet du couchant - 1935-36	Dejeuner en fourrure Meret Oppenheim - 1936
Buste de femme retrospectif Dali - 1933	Joan Miro La naissance du monde - 1925
Yves Tangui Extinction des lumières - 1927	Max-Ernst la forêt - 1927-28

Oscar Dominguez Jeux - 1937	Jean Arp Trousse du naufrage - 1920-21

«...Contre l’aveuglement, pour la connaissance, si le XVIII^e s. a eu les Encyclopédistes, le XX^e s. a les surréalistes qui foncent  droit sur ce que la vie leur oppose d’obscurité, d’obscurantisme.

Depuis dix-sept ans, l'élan subversif et créateur a traversé, sans s’y enliser, bien des champs de recherches particulières mais il n’est pas près de tourner en eau de boudin esthétique, comme en ont témoigné et en témoigne encore, coup sur coup, deux expositions, la semaine dernière l’exposition qui réunissait des sculptures, objets, peintures, dessins d’Arp, André Breton, Salvador Dali, Marcel Duchamp, Paul Eluard, Max Ernst, Alberto Giacometti, Arthur Harfaux, Maurice Henri, Valentine Hugo, René Magritte, Joan Mire, Man Ray, ...

A l'exposition surréaliste, tout ce qui, d'ordinaire apparaît décoloré par l'asservissement au superficiel, la résignation au réalisme : un pain, une chaise, des épis de maïs, des serviettes de table, un verre, des couteaux, des dés à jouer...tout cela s'animait, élaborait des rêves diurnes, multipliait, précisait, concrétait les correspondances que, du jardin de la perception, Baudelaire entrevit...Grâce au surréalisme, il n'y a plus de cloison étanche entre les choses et leurs reflets dans l’homme, les idées : plus de cloisons étanches entre le monde extérieur et le monde intérieur. Un pont de mouvantes images fait la navette du sujet à l’objet, permet au premier de transformer le second et vice versa.

En tout temps, en tout lieu, le surréalisme sait trouver son laboratoire où métamorphoser, toutes portes ouvertes, en réalité vivante, en réalité vécue cette injonction de Lautréamont : La poésie doit être faite par tous et non par un...

René Crevel - Ecrits sur l'art - Paris 21 juin 1933

Article : René Crevel(1900-1935) et le surréalisme

Exposition au Centre Pompidou : Le surréalisme et l'objet

Quelques photos sont issues du «Dictionnaire de l’objet surréaliste»