Ah ! ne fuis plus, Venise !
Venise désirée, quelle amoureuse tu dois être, pour te cacher ainsi sous tes toiles de soie et de vapeur légère, pour mettre ainsi l’homme qui te poursuit. Est-tu si sûre de tes caresses ? L’es-tu de combler l’ardeur que les promesses de ta beauté enivre?
Venise
Tu le fais haleter d’impatience. Tu irrites son envie jusqu’à la peur de ne plus te trouver
Venise
Guardi Francesco (1712-1793)
On arrive à Venise comme, après tous les méandres de l’insomnie, on finit part descendre sur la plage d’un songe.
On vole à Venise comme à un rendez-vous d’amour
Embarquement de Morosina Morosini Grimani à Venise
Tout est ciel. C’est le ciel immense des salines, un vasque de rose et d’azur tendre, un océan de nacre, qu’irise, çà et là, quelque perle de nuage. On appelle la mer, et on l’a au-dessus de soit, ce firmament tranquille. Puis, le crépuscule rougit. Une tache de sang coule sur la voûte et s’étend vers la terre.
Le Pont du Rialto
Guardi Francesco (1712-1793)
Venise n’apparaît toujours pas. Elle est là-bas, pourtant, dans l’ombre lucide d’un violet si délicat, je ne pensais à rien.
Venise : Le Grand Canal et l'église San Simeone Piccolo
Canaletto Antonio (1697-1768) (
J’avais fini de me suivre et je m’étais retiré dans la lumière du couchant, comme il m’arrive. La gondole file sur les flots d’émeraude et de pollen rouge.
Le sang doré de la lumière ruisselle des façades.
Vue du Bassin de Saint Marc à Venise
Chilone Vincenzo (1758-1839)
Ces dômes, ces pointes, ces seins, ces doigts de Venise, tout n’était que caresse. Les palais du Grand Canal sont des torches qui brûlent dans une flamme heureuse.
Venise : l'église San-Giorgio-Maggiore au coucher du soleil
En vérité, la gondole est faite au pied de Venise. Nées de l’onde l’une et l’autre , avec Vénus.
Et ton nom aussi, Venise le veut dire.