Pour comprendre et apprécier sa peinture, il m’a fallu du temps.
Chagall est un peintre poète, conteur, totalement inspiré par les traditions yiddish. Ses tableaux recèlent un langage crypté multi culturels : la culture yiddish et l’art populaire russe. Il représente en même temps des synagogues et des clochers d’églises, du rationnel et de l’absurde.
Le yiddish, dialecte formé de mots allemands et de mots hébreux est riche en jeux de mots, en proverbes.
Et Chagall joue avec le yiddish dans ses peintures.
Ses personnages évoluent dans un monde surnaturel, aux couleurs très riches.
Le violoniste 1912 - 1913 Stedelijk Museum - Amsterdam
C’est sans doute un Kleizmer, musicien ambulant, à la fois inquiétant et séduisant, gigantesque et solitaire au visage vert.
Au dessus de l'obscurité, un enfant doré portant une auréole flotte dans un ciel bleu clair.
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La maison bleue 1920 - Musée d’Art moderne - Liège
Ma préférée.
«Ma chambre s'éclairait du bleu foncé, tombant de la fenêtre unique.
La lumière venait de loin : de la colline, où se trouvait l'église. J'éprouve toujours du plaisir à peindre une fois de plus cette église et cette petite colline sur mes tableaux.»
Marc Chagall
Au premier plan une isba, construite sur la berge de Dvina avec des rondins bleus. Elle est renforcée du côté pente par un mur de briques rouges.
Cette couleur bleue capte le regard, puis le détourne vers la berge opposée, celle des maisons bourgeoises, du monastère aux clochers baroques.
Le reflet dans la Dvina se charge de nous emmener vers ce lieu.
Tout est d’une exactitude frappante, un peu comme une photo que l’on prend de peur que le lieu disparaisse.
Chagall est né à Vitebsk (Bielorussie), sans doute une très importante source d’inspirations dans la représentation des lieux et de ses personnages. Un monde juif et un univers paysan peut-être en train de mourir.
Il ne renonce pas à ses racines.