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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 08:00

 

La première rencontre avec cet écrivain à la fois baroque et lyrique m'a marquée pour toujours.

André Suarez


Celui qui allait devenir André Suarès est né le 12 juin 1868. On le prénomma Isaac Felix.

Il fut entouré de deux précepteurs, il apprend le latin, l'allemand. Tout jeune, il lit Platon, Pleute, Voltaire, Rousseau, Hugo. Dès l'age de cinq ans il prend des leçons de piano.


A neuf ans il écrit 
«Tout va bien. Je souffre. La vie intérieure, qu'on sent en moi, cette flamme qui me sépare des autres, sans qu'ils se demandent jamais où je l'alimente, voilà ce qui les trompe sur tout le reste.»


Cet homme au regard de braise, au cheveux longs, est un grand voyageur. Il voyage «pour sentir et pour vivre, il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu'il découvre.»


Dans son livre 
«Le voyage du Condottière» André Suarès est à la fois : le narrateur, le condottière, le personnage ou plus exactement le héros du livre dont le nom est Caërdal.


«
Il est laid. Pourtant, son crâne est beau ; mais l'air de son visage est trop ancien : il n'est pas de son temp ; et comme il surprent, il déplaît. Il est celui à qui lui-même désespère le plus jamais de plaire. Il a les traits d'une bête sourcilleuse et nocture. soucent on l'appelle la chouette ou le hibou. Toute sa vie est dans ses yeux.»


Avant tout, il est musicien
«la musique est la femme dans le poète, la nature en amour.»

C'est en fait l'oeuvre de toute une vie qu'il a commencée à vingt six ans et qui s'est terminée à soixante sept ans. Avec peu d'argent et des carnets en poches il partait à pied pour Venise, Gène, Florence, Rome, Volterra, Assise, Sapienza, Sienne


C'est un livre irrigué par une très grande sensibilité. Il n'y a pas une année sans que je ne lise 
Vers Venise, FioranzaSienne la bien aimée - les trois «parties» de son livre.
Giotto, Michel-Ange, Léonard de Vinci, Piero della Francesca, Fra Angelico, Leonard de Vinci, Dante, Botticelli, Véronèse, Signorelli, Titien sont ses artistes préférés.


Pour le plaisir trois extraits de son livre.


Vers Venise

«Ah ! ne fuis plus, Venise...On vole vers Venise comme à un rendez-vous d'amour...Tout est ciel. C'est le ciel immense des salines, une vasque de rose et d'azur tendre, un océan de nacre qu'irise, çà et là quelque perle de nuage. On appelle la mer, et l'on l'a au-dessus de soi, ce firmament tranquille...Je languis après Venise. J'en voudrais sortir, quand j'y suis. Et quand je n'y suis plus, je brûle d'y être. Venise est enchanteresse...»


Fioranza, Florence

«Sur le tard du plus long jour de mai, quand les heures nocturnes sont bleues, brodées de vieil argent, entrer à vingt ans pour la première fois à Florence, et se dire à chaque pas, avec un bond du coeur au devant de l'esprit : Florence, je suis à Florence...Florence...cette grande dame, si fine et si courtoise...J'arrivai dans la ville de la fleur au milieu de la plus courte nuit...Je pénétrai avec délices comme un amant à son premier amour, dans les ruelles qui s'enlaçaient alors entre le Lung'Arno et le Borgo Santi Apostoli. Je marchais pieusement sur la pointe des pieds, je volais plutôt....Je voulais ...voir Michel-Ange sans tarder et parler à Dante...»

 

Sienne la bien aimée

«Arezzo est une main qui monte et s'élargit sur la hauteur...Né d'une famille noble de Borgo San Sepolcro, à quelques neuf ou dix lieues d'Arezzo, Piero della Francesca est un grand seigneur de l'art. On ne peut le prendre en défaut : c'est l'honneur de ces puissantes natures qu'elles n'ont pas besoin la perfection : elles en portent la mesure qui leur convient et qui fait l'harmonie jusque dans les erreurs : elles ne sont pas sans excès, mais on les dirait sans défauts. Et leurs faiblesses mêmes sont souveraines...»


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